28 avril 2023

En 5 secondes

L’Université vient de recevoir plus de 124 M$ du Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada pour financer un changement de paradigme en intelligence artificielle.


L’Université de Montréal s’apprête à révolutionner la recherche en intelligence artificielle (IA) grâce à une subvention du Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada.

D’une valeur de 124,5 M$, ce financement permettra de lancer IAR3, un important projet qui promet de bâtir l’avenir avec une IA robuste, raisonnante et responsable (les trois «R»). L’objectif: mieux répondre aux besoins des collectivités par une réduction de l’écart entre l’intelligence artificielle et l’intelligence humaine en tablant sur des équipes de recherche interdisciplinaires.

Cette initiative d’envergure est portée par l’UdeM en partenariat avec Polytechnique Montréal, HEC Montréal, l’Université Laval et l’Université McGill, toutes unies sous la bannière d’IVADO, l’institut de recherche et de transfert en intelligence artificielle. Notons d’ailleurs qu’une première subvention du Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada a permis la création de cet institut.

«La première subvention Apogée a accéléré le développement technologique d’approches automatisées d’aide à la décision. La seconde permettra de franchir une nouvelle frontière en vue de l’application d’algorithmes robustes qui sont réfléchis et construits de manière responsable et éthique», souligne Marie-Josée Hébert, vice-rectrice à la recherche, à la découverte, à la création et à l’innovation de l’Université de Montréal.

La prévention des dérives potentielles de l’IA, attribuables aux biais par exemple, et la mise en place d’un cadre rigoureux pour l’élaboration des algorithmes sont ainsi au cœur du projet IAR3. C’est pourquoi l’une des premières étapes du projet consiste à «mettre au point des systèmes d’IA plus modulaires, évolués et explicables tout en intégrant dès leur design les enjeux humains», précise Luc Vinet, directeur général d’IVADO.

Réfléchir à plusieurs pour accélérer les découvertes

Marie-Josée Hébert et Luc Vinet insistent sur l’importance de l’interdisciplinarité et la mise en commun d’expertises diversifiées pour asseoir cette nouvelle orientation qui englobe sciences humaines et sociales, sciences de la santé, sciences naturelles et génie.

Et l’Université de Montréal et IVADO sont justement les terreaux fertiles nécessaires à la synergie des connaissances avec leur présence dans toutes les sphères du savoir. Dans le projet IAR3, cette diversité conduira à la création de plusieurs regroupements de recherche, notamment l’IA et les neurosciences, l’apprentissage automatique, l’environnement, le traitement du langage naturel, les molécules, la santé, l’EDI (équité, diversité, inclusion) et les chaînes d’approvisionnement.

Ces groupes chercheront à découvrir de nouveaux matériaux et médicaments, à accroître la résilience face aux crises climatiques, à assurer l’émergence de systèmes de santé apprenants et à répondre aux enjeux des chaînes d’approvisionnement.

Le plan est ensuite de faire en sorte que toutes ces avancées scientifiques et technologiques bénéficient à la société. Ainsi, la main-d’œuvre des quelque 150 partenaires mobilisés par le projet IAR3 (industries, gouvernements, centres de recherche, etc.) sera formée et entraînée pour encourager une adoption responsable de l’IA.

Prendre ses responsabilités

Dans le contexte médiatique actuel, où plusieurs experts locaux et mondiaux intiment un développement responsable de l’intelligence artificielle, le projet IAR3 «vise dans le mille, car il cible les principaux enjeux de cette science de rupture», croit Luc Vinet.

Selon Marie-Josée Hébert, cette vision éthique de l’IA fait partie depuis longtemps des valeurs de l’Université de Montréal et il s’agirait d’un devoir d’agir en conséquence.

«Parce que nous avons un positionnement et une expertise de recherche uniques, la capacité de nous rencontrer à travers des disciplines différentes et parce que le développement de l’IA est né en partie dans notre département d’informatique et de recherche opérationnelle, nous avons une responsabilité institutionnelle et collective de nous engager dans un développement de l’IA qui en atténue les risques et maximise les avantages au profit de tous», conclut la vice-rectrice.

IVADO est jeune, mais a déjà plusieurs réalisations à son actif. Grâce aux forces combinées de ses 225 professeures et professeurs issus de 22 universités canadiennes, plus de 575 projets ont vu le jour depuis 2017. Mis sur pied en collaboration avec l’industrie, ils ont une valeur de plus de 77 M$.

Un exemple à succès est le partenariat d’IVADO avec BrainBox AI pour créer des bâtiments plus intelligents, plus écologiques et plus efficaces sur le plan énergétique. L’objectif était de mettre au point une technologie d’IA qui diminue l’empreinte carbone des bâtiments au moyen d’une gestion intelligente de leurs systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation. Les innovations apportées par BrainBox AI avec l’aide d’IVADO contribuent directement à la transition énergétique d’entreprises québécoises en réduisant jusqu’à 40% l’empreinte carbone de leurs bâtiments ainsi que les coûts totaux d’énergie de leurs systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation jusqu’à 25 %.

Dans le domaine de la santé, IVADO a notamment donné un coup de pouce à GrayOS. Cette plateforme vise à optimiser la prise de rendez-vous des traitements de radiothérapie en centre de cancérologie. IVADO a aidé la jeune pousse à concrétiser sa plateforme et l’épaule maintenant dans son perfectionnement. La plateforme est actuellement à l’essai au Centre intégré de cancérologie du CHUM.