Et si on pouvait améliorer le taux de succès des traitements de radiothérapie des patientes atteintes du cancer du sein sans même mettre les pieds dans un établissement de santé? C’est le défi que s’apprêtent à relever la Fondation du cancer du sein du Québec et les chercheurs d’IVADO.
Une patiente atteinte du cancer passe à travers de nombreux traitements pour se rendre jusqu’à la rémission. L’un d’eux, la radiothérapie, dure cinq semaines et exige qu’elle se déplace pour recevoir un traitement tous les jours. Ceci peut rapidement devenir un casse-tête logistique, particulièrement en ce qui concerne les déplacements et l’hébergement. Tous ces allers-retours sont stressants à planifier, mais peuvent aussi devenir un souci financier puisque ces dépenses imprévues s’accompagnent pour plusieurs d’une diminution de revenus liée à un arrêt de travail. Si bien qu’une patiente sur cinq refuse la radiothérapie en raison des frais accessoires.
Afin d’assurer l’accessibilité de toutes à ce traitement, la Fondation du cancer du sein du Québec offre une compensation financière aux patientes. C’est dans l’objectif d’offrir encore plus de soutien aux patientes que le projet Communauté rose a germé. Ce projet, piloté par Nadia Lahrichi, professeure agrégée à Polytechnique Montréal, Jida El Hajjar, vice-présidente Investissements et Promotion de la Santé à la Fondation du cancer du sein du Québec, et Anjali Awasthi, professeure agrégée à l’Université Concordia, vise à mettre en place, dans un horizon de trois ans, un Uber rose.
C’est même plus que ça. Nous souhaitons mettre en place une véritable collectivité où les patientes atteintes du cancer du sein et des bénévoles pourront connecter les un.e.s avec les autres.
Jida El Hajjar
La Communauté rose ne se limite donc pas à un service logistique. Une patiente atteinte du cancer du sein qui doit se rendre à l’hôpital pour un traitement bénéficiera de plus qu’un simple taxi : son chauffeur aura son bien-être à cœur et sera formé pour l’aider si elle en ressent le besoin. N’oublions pas que la radiothérapie affaiblit les patientes et peut provoquer des effets secondaires.
Dans ce projet, l’équipe de recherche d’IVADO apporte son expertise afin de créer un système d’aide à la décision. En partant de la base de données de la Fondation du cancer du sein du Québec, les chercheurs et chercheuses conçoivent des modèles de prédiction et d’optimisation pour minimiser les coûts de traitements et le temps alloué à la logistique. Ce travail en amont est crucial pour mettre en place une Communauté rose qui fonctionne et surtout qui est conçue pour durer.
Si l’équipe de recherche, avec l’aide des étudiants gradués, Ehsan Sharifnia et Mohsen Amoei, s’attaque actuellement à l’aspect transport de la Communauté rose, elle ne s’y limite pas. « Nous débutons avec le transport puisque les kilomètres sont le paramètre du projet le plus facile à quantifier. », explique Nadia Lahrichi. « Nous avons développé un modèle de simulation à évènements discrets qui permet d’évaluer à quoi ressemblerait un système de transport Rose : quel genre de service peut-on offrir, à quel fréquence, à quoi peuvent s’attendre les patientes? Voici les questions auxquelles le modèle tente de répondre. Nous allons ensuite élargir les services couverts par la Communauté rose à l’hébergement et, en dernier lieu, aux soins à domicile. » Une fois cette étape franchie, plus aucune patiente atteinte du cancer du sein n’aura à s’inquiéter de ne pas pouvoir se permettre la radiothérapie.